Ce projet du STDF visait à améliorer la sécurité sanitaire des poissons fumés au Mali, en réduisant la contamination par les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les pesticides, grâce à l’adoption des normes et codes de pratiques du Codex Alimentarius. Plus spécifiquement, il visait à améliorer la sécurité sanitaire des poissons fumés, grâce à l’adoption, par les acteurs de la filière, de pratiques de transformation plus sûres. En s’appuyant sur les normes et codes de pratiques du Codex Alimentarius, le projet a promu l’usage de fours améliorés, renforcé les capacités analytiques nationales et appuyé la mise en place de cadres politiques et réglementaires pour soutenir et moderniser la filière.
La pêche est la troisième activité économique en zone rurale au Mali, après l’agriculture et l’élevage. Elle génère plus de 285 000 emplois, principalement occupés par des femmes et des jeunes, et fournit entre 80 000 et 100 000 tonnes de poisson par an. Le poisson fumé, largement consommé dans le pays, joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire et l’économie locale.
Toutefois, des analyses ont révélé des niveaux préoccupants de résidus de HAP et de pesticides dans les poissons fumés issus des marchés traditionnels, en raison de pratiques de transformation inadaptées. Ce projet du STDF, a été conçu pour renforcer la sécurité sanitaire des aliments et soutenir l’accès aux marchés à travers des pratiques plus sûres et une meilleure gouvernance du secteur.
Amélioration des performances économiques
- Les exportations de poissons fumés ont augmenté, passant de 1 030 tonnes en 2020 à 1 504 tonnes en 2022.
- Le prix de vente a plus que doublé pour les produits transformés avec les fours améliorés, atteignant 7 250 FCFA/kg en 2024 contre 3 437 FCFA/kg – 4000 FCFA/kg entre 2020 et 2023.
- Création d’emplois dans le secteur : Le nombre d’emplois liés au secteur du poisson fumé a varié au fil des années :
– 2020 : 197 000 emplois (59 100 hommes, 137 900 femmes)
– 2021 : 115 000 emplois (34 500 hommes, 80 500 femmes)
– 2022 : 106 833 emplois (32 050 hommes, 74 783 femmes)
– 2023 : 140 000 emplois (42 000 hommes, 98 000 femmes)
Réduction des risques sanitaires
- L’adoption de nouveaux fours à fumage indirect a permis de réduire significativement les niveaux de HAP dans le poisson fumé.
- 100 % des femmes transformatrices ciblées ont abandonné l’usage de conservateurs chimiques, utilisant désormais, en plus, des emballages alimentaires conformes.
Renforcement des capacités techniques
- Plus de 600 analyses de laboratoire sur des échantillons de poisson frais et fumés ont été menées grâce à la réhabilitation des équipements de laboratoire du laboratoire national de référence qu’est le laboratoire central vétérinaire (LCV/LTCQE).
- Le Laboratoire de Technologie Alimentaire a reçu du matériel complémentaire pour appuyer la recherche.
Appropriation communautaire et amélioration des compétences
- 14 fours améliorés, baptisés par les acteurs « four Sabou Manian » ont été distribués à des communautés de transformatrices, accompagnés de supports pédagogiques reproductibles facilitant le transfert durable des compétences.
- Un dispositif de formation de formateurs a permis de former 539 acteurs locaux, avec une diffusion indirecte des connaissances à plus de 1 000 personnes.
- Les tests d’évaluation gustative et sensorielle ont confirmé la supériorité sanitaire et gustative des poissons fumés issus des fours améliorés, avec un taux de satisfaction de 91 % parmi les dégustateurs.
Appui aux politiques nationales
- Une stratégie nationale de gestion des risques HAP/pesticides a été élaborée de manière participative et validée politiquement en mars 2025.
- Un cadre de concertation multi-acteurs a été mis en place pour coordonner les actions de réforme et de suivi permanent dans la filière.
Visibilité accrue et promotion des produits sûrs
- Une stratégie intégrée de promotion a permis de valoriser le four « Sabou Manian » et les produits issus de son utilisation.
- 18 outils de promotion, incluant 15 fours améliorés de démonstration, un plan d’affaires et des supports audiovisuels, ont été développés.
- Des démonstrations ont été organisées lors de foires, d’émissions et d’événements publics pour renforcer l’acceptation des produits.
Les recommandations suivantes sont portées à l’attention du Gouvernement et autres acteurs de mise en œuvre:
- Gouvernement: assurer un suivi et une évaluation réguliers des acquis du projet et soutenir les partenariats public-privés ; soutenir l'accès des acteurs aux fours améliorés et aux financements ; promouvoir les produits du four amélioré à travers la labélisation et la commercialisation, le renforcement des infrastructures locales, les partenariats public-privé; appuyer le renforcement des capacités, encourager la recherche et l'innovation, mener des campagnes de sensibilisation ; appuyer la mise en œuvre de la stratégie nationale de gestion des risques pesticides et HAP dans la filière poisson.
- FAO: poursuivre les efforts de plaidoyer et de collaboration avec les autorités, contribuer à renforcer la collaboration interinstitutionnelle, œuvrer au suivi-évaluation des acquis du projet et l’apprentissage continu des acteurs cibles, élaborer et mettre en œuvre une stratégie de sortie claire et progressive et faciliter l’évolution vers l’accréditation sur l’analyse des résidus de pesticides et d’HAP du laboratoire central vétérinaire
- STDF: promouvoir à grande échelle l’utilisation du système de suivi-évaluation continu afin de mesurer l’impact des projets, ajuster les stratégies et renforcer la gestion axée sur les résultats et l’allocation des ressources.